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31/03/2008

Rémunération des grands patrons : une nouvelle voie ?

De nombreuses études prouvent que les entreprises "familiales" ont de meilleures performances sur le long terme (on parle ici de 10-20 ans) que des entreprises dirigées par des patrons salariés, c'est à dire n'ayant pas un lien aussi fort avec leur groupe que des vrais "capitalistes".

Par ailleurs, la presse stigmatise - sans doute à raison - les patrons que leurs stock-options enrichissent sans le moindre rapport avec leur performance à la tête de l'entreprise, car les options sont distribuées de façon nettement trop généreuse... Généralement les patrons et les défenseurs des systèmes de stock-options tentent de défendre ce mode de fonctionnement en invoquant la compétition qui règne pour pouvoir embaûcher les meilleurs patrons, les "pointures" qui ne se déplacent pas à moins de quelques dizaines de millions d'euros annuels, sans compter le golden parachûte en cas de licenciement précoce et/ou "abusif" !!!

Il faut reconnaître qu'il serait mauvais de décourager les grands "entrepreneurs" de venir travailler à la tête des entreprises françaises. Mais il serait quand même intelligent de ne pas signer des chèques en blanc juste sur le nom/la réputation de tel ou tel "gourou" car on sait bien que même un Steve Jobs ou un Carlos Ghosn, s'ils ont été et sont encore très forts, seraient peut-être totalement incapable de redresser une entreprise dont ils ne comprennent rien au métier (qui serait capable de redresser Bull par exemple, même super Thierry Breton n'a réussi qu'à sauver l'entreprise de la faillite).

Pour attirer un bon patron, il faut qu'il puisse gagner ce qu'il mérite. Pour s'assurer qu'il ne fait pas n'importe quoi, il faut aussi s'assurer qu'il mérite bien ce qu'il gagne...

Un modèle me semble intelligent : le LBO. Le Leverage Buy Out permet à un entrepreneur motivé mais peu pourvu en capital de prendre une participation significative dans une entreprise (en général le contrôle, mais cela n'est pas indispendsable) en d'endettant. Les dividendes versés par l'entreprise (directement liés à la bonne tenue de l'activité) servent alors à rembourser la dette, non pas de l'entreprise mais du patron-entrepreneur.

Si le patron n'est pas bon, les parts qu'il a acheté son versées à la banque qui lui a prêté l'argent initial. S'il est bon, il se retrouve à la tête d'un joli paquet d'actions, en rapport avec le risque qu'il a pris.

Pas de parachute mais une véritable espérance de gain et surtout un lien très fort à avec l'entreprise (le patron est aussi un actionnaire engagé).

Cette réflexion me rappelle le bouquin de Jean-marie Messier que j'avais lu il y a bien longtemps et où il parlait d'actionnariat salarié. Si on commençait par les patrons, ça serait déjà un grand progrès...

C'est déjà souvent le cas, d'ailleurs un membre du conseil d'administration est forcément actionnaire (1 action minimum). Mais ce que je préconise, c'est qu'un patron soit engagé sur une partie importante de son patrimoine personnel, l'emprunt réalisé pour monter le LBO devrait engager une caution de quelquechose comme 25% (minimum) de son patrimoine. Et le LBO minimise les mouvement court-termistes : rares seront les cas où les patrons revendront les parts achetés à crédit pour rembourser leur emprunt de façon anticipée, à moins que la valeur de l'entreprise ait été réellement fortement augmentée. La stratégie court-termiste est également possible si le patron trouve un pigeon pour racheter ses parts, mais dans ce cas, on ne peut s'en prendre qu'au pigeon ;-)

Le seul risque est qu'un patron qui n'aurait pas les moyens de prendre une majorité de contrôle de l'entreprise se fasse débarquer au moment d'un trou d'air de la société et soit injustement puni si le "repreneur" détruit la valeur qu'il aura créé et fait baisser la valeur de ses titres.

Une protection devrait donc être envisagée pour éviter ce genre de manoeuvres, peut-être en attribuant des golden shares au patron qui accepte de prendre la direction de l'entreprise (des actions avec double droit de vote, voire plus). Mais ceci introduit une distorsion pas forcément simple à maîtriser...

Alors que bon nombre de patrons de start-ups finissent par lâcher le contrôle majoritaire de leur entreprise pour faire entrer des investisseurs, tout en gardant le contrôle effectif de l'entreprise, jusqu'à ce que les investisseurs le débarquent éventuellement (à tort ou à raison) si l'entreprise connaît des difficultés.

Je pense qu'il y a matière à ddiscussion, mais le principe d'avoir des patrons qui soient engagés dans l'entreprise sur leur patrimoine personnel est une bonne chose.

11/03/2008

Taxi, SVP !

Je me suis procuré le rapport de la commission pour la libération de la croissance, présidée par Jacques Attali. La commission insiste sur le fait que les mesures préconisées n'ont de valeur que si elles sont appliquées en bloc.

Or déjà plusieurs mesures sont remises en question. La libéralisation du marché des taxi étant l'exemple le plus récent mais aussi le plus flagrant. 

La réglementation et la limitation du nombre de taxi a créé une bulle presque spéculative sur les licences de taxi dans les grandes villes. Pour exercer il ne faut pas seulement faire l'acquisition d'un véhicule, mais il faut débourser un montant comparable voire très supérieur pour la licence.

C'est totalement aberrant et il est sans doute judicieux de vouloir démonter un tel système et l'assainir.

Mais comme partout la situation n'est pas si simple et il y a un problème : les taxis existants possèdent un "actif", leur license, qu'ils ne veulent absolument pas déprécier car nombre d'entre eux se sont lourdement endettés pour l'acquérir, ou alors compte dessus pour financer leur retraite. 

Libéraliser le marché ferait ainsi perdre plusieurs dizaines de milliers d'euros à tous les taxis en place et pour beaucoup cela serait une quasi-faillite, leur bilan n'étant clairement plus équilibré !!!

Le métier de taxi n'étant pas des plus faciles ni des plus enrichissants, il vaut mieux ne pas y aller trop à la hussarde, au risque de faire trop de casse sociale. On comprend donc la reculade du gouvernement.

Pourtant le statut quo me semble également mauvais car la situation risque d'empirer, au fur et à mesure que la "bulle des taxis" gonflera : il faut dégonfler cette bulle !

Comment ? Il va forcément falloir casser quelques oeufs pour faire cette omelette et il y aura des victimes, que la collectivité pourrait indemniser. 

Reste l'objectif final. Je disais sur un autre blog que la libéralisation totale ne semble pas franchement enviable. Il faut donc déterminer comment on peut dégonfler la bulle des taxis en augmentant lentement mais régulièrement l'offre disponible sans trop bousculer le marché quand même. Reste une question : est-ce qu'écologiquement il ne vaudrait pas mieux favoriser en priorité des transports en commun efficaces ? La bulle des taxis se dégonflerait d'elle-même puisque ces derniers se devraient alors de rester compétitifs faces à des transports en commun réellement efficaces sur l'ensemble des destinations (actuellement le maillage des TC est encore insuffisant dans la plupart des grandes villes : le métro est efficace mais est limité au centre ville, les bus sont trop peu fréquents ou trop irréguliers dans leurs horaires...)

Vaste sujet que les transports, Attali aurait sans doute pu y trouver d'autres relais de croissance que la seule libéralisation des taxis (je vais pê un peu vite car je ne suis pas encore allé au bout, je crois quil veut aussi favoriser les compagnies aérienne low-cost... désastre écologique...)