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28/02/2007

ENORME : Besoin d'air

medium_2020942844.01._AA240_SCLZZZZZZZ_V45743900_1_.jpgPetit extrait de l'opus du MEDEF, sous la direction de Laurence Parisot :

"La seconde illusion est de croire à un effet de vases communicants. Pour beaucoup, il suffirait de faire glisser le surplus de richesse observé ici vers le trop de pauvreté constaté là. [...] Nous avons fait le calcul: le salaire de chacun augmenterait de 0.4%, ce qui porterait un salaire de 1500 euros nets à 1500,60 ! [...] En réalité, l'ensemble du système économique est mille fois plus complexe qu'un schéma de CM2 représentant deux entonnoirs reliés par un tube." (p. 43-44)

Hum, Madame Parisot, vous devriez peut-être vous entourer de collaborateurs qui ont dépassé le CM2...

1500 + 0.4% = 1506 et pas 1500,6

Certes, les smicards de Ségolène Royal ne seront pas forcément beaucoup plus satisfaits par 5.4€ de plus par mois.

Mais quand on donne des leçons, on est irréprochable. Or le show de présentation du bouquin lors de l'assemblée générale du MEDEF (visible chez JM Billaut ici) m'avait déjà laissé dans la bouche un petit goût de... vaste fumisterie. Dans le show déjà, Laurence Parisot utilisait des chiffres très discutables pour appuyer ses dires. Par exemple, elle "prouvait" la corrélation entre deux indicateurs, dont un mal défini (taux de chomage et flexibilité de la législation du travail) en comparant 4 valeurs. On pourrait lui pardonner si elle n'était pas bien entourée et surtout présidente d'un institut qui se dit spécialiste en statistiques (Ifop)

Ce qui m'a fait acheter le bouquin pour voir si ce n'était qu'un effet "lancement" (marketing = esbrouffe) ou si le bouquin est lui aussi truffé de langue de bois. Pour l'instant je ne suis pas déçu...

Autre perle, l'entreprise serait "la seule source de création de richesse" (p.27) : ainsi ma maman, lorsqu'elle me fait un gâteau qui vaut mille fois les m... de l'industrie agro-alimentaire, ne crée pas de richesses. Enfin elle pourrait, mais elle devrait me vendre ce gâteau. sauf qu'il y a des chances non négligeables que si elle mettait ses gâteaux sur le marché, ils seraient appréciés à leur juste mesure, c'est à dire non loin de ce que peut faire un Pierre Hermé (la déco est un peu moins soignée, mais le goût y est) et je n'aurais plus les moyens de me payer ses délices, pauvre de moi...

Bref, Laurence Parisot fait du clientélisme et de la démagogie auprès de son fonds de commerce : les chefs d'entreprises. Pourquoi pas, c'est son choix. Mais je trouve que c'est dommageable pour l'image du MEDEF et par transition des chefs d'entreprises... Le pire, c'est que bon nombre d'arguments seraient sans doute recevables et pourraient être bien argumentés. Les chefs d'entreprises feraient bien de choisir un représentant un peu plus crédible...

 

"le monde économique n'a pas de bornes et rend possible la création perpétuelle de richesses" (p. 44)

 

Update : je continue ma lecture et je dois quand même vous dire que certains principes ne me semblent pas absurdes. Mme Parisot propose notamment de clarifier la loi. En effet, en France, les textes législatifs sont foison et tout le monde s'y perd. Ok pour le diagnosti, donc. Je ne suis en revanche pas d'accord avec la solution proposée, à savoir se calquer sur le modèle anglo-saxon où le droit écrit est très largement minoritaire face à la jurisprudence (c'est l'opposition classique entre droit romain et anglo-saxon). S'il me paraît juste de re-écrire les lois, de supprimer les textes redondants ou n'ayant plus aucune valeur, afin de clarifier/simplifier le droit et son application pour une plus grande transparence, je pense qu'il ne faut pas abandonner le modèle du droit romain.

Update2 : Je ne trouve pas vraiment étonante la position de Ségolène Royal sur la posture tenue par le MEDEF, lorsqu'on lit ce livre... La réaction de Laurence Parisot reste dans le registre du caricatural...