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23/10/2008

Les racines de la crise (financière) sont démographiques

La crise financière n'en peut plus de faire rage.
Les bourses s'effondrent et on commence à en ressentir des effets sur l'économie réelle.
Le Krach était prévisible tant la bulle immobilière était évidente. Personne comme d'habitude n'a voulu entendre les Cassandre et le monde s'engouffre dans la morosité, à part quelques malins qui ont misé depuis longtemps sur la baisse des marché, comme Alan Greespan.

L'origine de la crise serait-elle une énième bulle ? Le problème est plus complexe, la bulle n'est pas une bulle mais des bulles. Bulle sur le marché immobilier bien entendu, mais aussi sur celui du pétrole, des matières premières (métaux notamment), des céréales, etc. Et l'éclatement de la plus grosse bulle provoque celle des autres.
Pourquoi des bulles ? Pourquoi tant de bulles ?
A la première question, on peut répondre que la nature humaine est ainsi faite que l'appât du gain fait régulièrement perdre la raison à la foule des investisseurs.
Pourquoi tant de bulles ? Parce que les investisseurs sont de plus en plus nombreux pardi, il n'est pas rare maintenant que même un ouvrier soit actionnaire, le capitalisme triomphe !!! Finalement en cela le capitalisme devient mutualiste : les grands capitalistes acceptent désormais de partager les bénéfices du capital avec les masses afin de mutualiser leurs risques avec des millions d'actionnaires individuels.
Certains le font consciemment (combien de syndicalistes CGT ont refusé de partciper au jackpot de l'introduction en bourse d'EDF, avec une décote à la limite de l'indécence pour les agents EDF ?), d'autres le font par le biais de leur fond de pension (notamment les ménages américains).
Je pense que je viens de toucher le fond du problème : les fonds de pensions. Et plus généralement le vieillissement de la population.
A la sortie de la guerre, la population a subi un joli coup de jeune avec le baby-boom. Et la retraite par répartition ne pouvait alors que fonctionner : peu d'anciens à la charge de nombreux actifs, pas de problème !
Depuis la population vieillit. Le système de retraite par répartition prend du plomb dans l'aile car le taux d'actifs versus le nombre de retraités dépasse des limites difficilement tenables. D'où le passage au système par capitalisation. Je travaille ma vie durant pour vivre des dividendes de mon travail une fois que je ne peux/souhaite plus travailler. le problème, c'est que cela ne change en rien le nombre d'actifs et le nombre de retraités dans le pays. Heureusement, le miracle de la mondialisation permet d'importer des actifs ou plutôt d'importer le fruit du travail d'actifs à l'étranger. Vive le capitalisme qui permet de transférer les bienfaits de la jeunesse des autres chez nous les maîtres du capital.
Hélas, ce système ne tient que si le monde contient suffisamment de viviers de jeunesse, pour que le travail, parfois à la limite de l'esclavage, des actifs permette de subvenir aux besoins des inactifs.
Le capitalisme n'est jamais qu'un ensemble de règles de répartition des richesses produites :

  1. par les ressources naturelles
  2. par le travail des actifs

Lorsque les ressources deviennent insuffisantes parce que l'empreinte écologique de la population est supérieure à celle que peut supporter la planète, lorsque la proportion d'actifs face à celles des inactifs devient insuffisante, le système ne peut que s'écrouler sous son propre poids.
Si le niveau de vie des américains n'est pas négociable, comme le disait notre cher W, il faut cependant rappeler que les lois de la physique le sont encore moins !!!
La crise devrait donc, à mon humble avis, atteindre une amplitude sans commune mesure avec ce qu'on a pu voir jusqu'à ce jour.
Car la crise actuelle n'est qu'une crise de vieillissement : les détenteurs de capitaux, voyant leur nombre et donc leurs besoins augmenter, ont joué la surrenchère : mais si mon ami, il faut que le capital rapporte au moins 15% et 40%, c'est mieux. Un loyer de 500 euros pour une chambre de bonne est parfaitement justifié.
La bulle vient de là : plus de vieux qui ne veulent pas vivre chichement, cela fait autant de jeunes qui doivent travailler en plus pour gagner le droit d'utiliser le capital ou bien de le racheter à prix d'or. Mais un jour les jeunes ne peuvent tout simplement pas en faire plus. Ou alors ils se rebellent et disent qu'ils préfèrent attendre un héritage, ou se contenter de vivre de peu, en travaillant peu.
Le rapport de force s'inverse car les jeunes ont du temps, ils peuvent attendre un ou deux ans, les vieux moins. Quand le capital survalorise la valeur du temps, les capitalistes se mettent à perdre de leur influence. La bulle du temps explose aujourd'hui alors que le vieillissement n'en est qu'à ses début et commence tout juste à se propager dans des pays en développement comme la Chine.
C'est la fin de l'abondance de la main d'oeuvre par rapport au nombre de consommateurs.

Personnellement, je ne regretterai pas cet état de fait. Finalement, ceci ne peut que rendre le plaisir au gens d'avoir un travail productif, là où un nombre hallucinant d'emplois improductifs frustre une part majoritaire de la population. Et je parle en parfaite connaissance de cause.

En revanche, il y a beaucoup plus d'inquiétude à avoir vis-à-vis d'une crise plus grave et plus profonde qui s'annonce : celle des ressources. Avec quelques centaines de millions d'humains sur terre, l'énergie solaire et les processus naturels permettent un renouvellement presque indéfini des ressources de base (eau, croissance des plantes, des forêts, etc.). Mais nous sommes plus de six milliards et pourrions être dix milliards d'ici une quarantaine d'années.
Une population qui exerce une telle pression sur les ressources que même celles qui sont dites renouvelables ne le sont plus : pour assurer des récoltes récurrentes de blé, il faut conserver d'une année sur l'autre des semences. Impossible de cultiver quoi que ce soit si on mange toute la récolte. Cette sagesse paysanne, le monde l'a oubliée et on se gave non seulement de la dernière récolte mais aussi des stocks...
J'en reviens au titre de cette note : selon moi la source ultime de la crise financière est le vieillissement de la population. Quant à la crise qui pourrait bien nous achever, la crise écologique, elle provient de l'accroissement de la population, le vieillissement jouant un facteur aggravant car quand l'angoisse de la mort se rapproche, bien peu nombreux sont ceux qui ont la sagesse de s'assurer qu'ils laisseront aux survivants un monde aussi beau que celui dont ils avaient hérité.