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27/07/2009

MWc vs MW et MWh

Poweo annonce la construction d'une centrale photovoltaïque au sol à Torreilles (Pyrénées-Orientales), dont la mise en service est prévue pour 2010. La puissance annoncée est de 12 mégawatts-crête ou 12MWc.

Le MWc est une formidable mesure de communication pour le photovoltaïque ou l'éolien, mais ne doit en aucun cas être confondue avec des MW de centrale nucléaire ou thermique. Pour l'ensemble de ces technologies, la puissance annoncée est la puissance maximale qui peut être atteinte en exploitation.

Or si le nucléaire ou le thermique peuvent garantir une production à ce niveau sur des durées pouvant d'étaler sur plusieurs jours voire semaines, les énergies renouvelables en sont bien loin : le MWc d'une éolienne ne s'obtient que par un vent régulier dans la bonne direction, le temps que le vent souffle. De même le MWc d'un panneau photovoltaïque est atteint lorsque l'exposition est optimale.

Résultat la production effective dans l'année d'un MW de solaire est bien moindre que celle d'un MW de nucléaire. Si un MW de nucléaire est allumé 5-6000 heures par an, l'éolien ne va tourner que 3-4000 heures et encore pas à pleine puissance, si bien qu'on arrive à un équivalent de 1-2000 heures à pleine puissance. Et c'est encore pire pour le solaire, particulièrement dans le ch'nord.

Ainsi les 12MWc de Poweo vont produire 15 GWh, soit une durée de production de 1250h/an (une année, c'est 8760h ou 8784 une année bissextile) : autant dire pas énormément... D'autant plus que cette production aura lieu en été, c'est à dire pas du tout au moment de la pointe annuelle (qui a eu lieu début janvier en 2009) : la pointe est assurée par des capacités thermiques, c'est à dire éméttrices de CO2.

Cela m'a beaucoup amusé de constater que les Allemands sont les champions européens du photovoltaïque, avec une capacité installée (en MWc) plus importante que n'importe quel pays européen. Mais en production effective (en MWh ou kWh, GWh ou même TWh), ils ne sont plus les premiers : le soleil brille nettement moins en Allemagne qu'en Espagne...

Pour mémoire, donc :

1MWc : un mégawatt crête : unité utilisée pour mesurer la puissance maximale d'un équipement de production

1MW : un mégawatt : unité de puissance, généralement utilisée en lieu et place du MWc lorsque la crête est atteinte presque tout le temps

1MWh : un mégawattheure : unité d'énergie, correspond à l'énergie délivrée ou consommée par un équipement dont la puissance est 1MW, pendant une heure.

 

04/07/2007

Ouverture du marché de l'énergie

Depuis le 1er Juillet, le grand public peut changer de fournisseur d'énergie (électricité et gaz).
EDF et GDF vont donc désormais batailler ferme avec des Poweo, Suez/Electrabel, Direct Energie, Altergaz, etc. pour garder leurs clients.
Tout France Télécom a vu débarquer des concurrents sur le fixe : sélection sur la longue distance puis préselection et maintenant sur l'abonnement (dégroupage total et VoIP ou revente de l'abonnement selon les zones).
Mais il y a des différences fondamentales entre le marché des télécommunications et celui de l'énergie.

D'abord en termes de prix. Autant l'ouverture du marché des télécoms était une promesse de baisse de prix, autant on redoute plus une hausse des prix dans l'énergie. Les progrès technologiques qui ont permis une baisse des coûts des communications sont énergivores et expliquent partiellement une tension de plus en plus forte sur le marché de l'énergie, qui tire les prix vers le haut. Or dans un contexte de hausse des prix, un tarif régulé monte a priori moins vite qu'un tarif libre, puisqu'il représente une sorte d'étalon à l'aune duquel se fixent les tarifs libres.

Ensuite, il ne faut pas s'attendre à une rupture technologique : l'émectricité ne va pas changer de nature, le gaz encore moins. Les réseaux de distribution ne vont pas changer. L'innovation va donc se focaliser d'une part sur les moyens de production : les fournisseurs vont pouvoir proposer une énergie plus verte (éoliennes, solaire)... mais aussi plus chère ou alors moins chère mais carrément moins verte (thermique à gaz, à charbon).

Mais là où on va voir une explosion de l'innovation, c'est au niveau tarifaire : Poweo propose dès à présent des forfaits mais ce n'est qu'une première étape vers un véritable "yield management" de l'énergie. En effet, pour rentabiliser une infrastructure énergétique, il faut lisser au maximum la consommation, avec un levier bien plus important que dans les télécoms où l'investissement se concentre sur certains noeuds du réseau et est réalisé de façon très incrémentale, tandis qu'une centrale de production énergétique est en bout de réseau et doit supporter une charge de consommation de plus en plus volatile.

Ce marché qui s'ouvre n'est donc pas aussi prometteur que celui des télécoms et il risque de créer des déceptions tant chez les consommateurs que du côté des autorités. Les premiers seront déçus de subir les hausses à venir, les autres seront navrés par le peu de concurrence qu'arriveront à se faire des acteurs qui resteront longtemps marginaux face à EDF et GDF.

Enfin pour l'anecdote, il risque d'y avoir un effet pervers sur le marché de l'immobilier. En effet si l'occupant d'un logement (imaginons un locataire) quitte le tarif régulé pour le marché concurrentiel, ce logement ne pourra plus jamais bénéficier du tarif régulé. Or s'il apparaît que les tarifs régulés sont finalement plus compétitifs que les prix "libres", le fait que le logement soit "éligible tarifs régulés" sera forcément valorisé (j'entendais dire que ça pourrait réprésenter quelquechose comme 2-300€/an pour une consommation moyenne). Ainsi un locataire peut baisser la valeur de l'appartement qu'il occupe juste en changeant de fournisseur d'électricité ou de gaz... les propriétaires devraient être ravis. Quant aux agences immobilières, elles vont pouvoir ajouter des champs à leurs descriptions de logement "éligible tarfis régulé électricité/gaz".

Alors je ne vais pas défendre les monopoles (surtout pas Microsoft par exemple) mais dans certains cas, ils ont la bonne idée de traire la vache en toute simplicité alors que la concurrence apporte une complexité souvent finalement plus coûteuse pour le commun des mortels (hors les pinailleurs et autres chasseurs de primes)